Le théâtre Forum (sept 2025)
1) Le théâtre-forum, c'est quoi au juste ?
Imagine un théâtre où le public ne reste pas assis sagement dans son fauteuil. C'est ça, le théâtre-forum ! C'est une technique participative issue du « Théâtre de l'Opprimé », inventé par le brésilien Augusto Boal dans les années 1960. À l'origine, c'était un outil pour aider les communautés des favelas à faire face à des situations d'injustice et de conflit. On peut faire le lien avec la pédagogie des opprimés de Paulo Freire (voir l’onglet apprendre , les théories pédagogiques)
L'idée de base, c'est de partir d'un problème collectif. On ne dit pas "j'ai un problème", mais « Nous avons un problème ». Le but n'est pas de trouver LA solution miracle, mais de donner un support concret pour réfléchir ensemble, échanger et « élargir le champ des possibles ».
La grande particularité, c'est que les spectateurs sont invités à devenir des « spect-acteurs » : ils peuvent monter sur scène pour essayer de changer le cours de l'histoire. C'est un outil pour parler de sujets de société, analyser des pratiques professionnelles et imaginer collectivement des solutions.
2) Comment ça se passe concrètement ?
Une séance de théâtre-forum se déroule généralement en plusieurs étapes claires :
- La préparation et la scène initiale :
On part de situations réelles, souvent conflictuelles ou problématiques, vécues par les participants.
Des apprenants (préparés à l’avance) jouent une courte scène (une "saynète" de maximum 5 mn) qui illustre ce problème et qui, surtout, se termine très mal, de manière "catastrophique". C'est fait exprès pour provoquer une réaction !
La scène est jouée une première fois sans interruption.
- Le Forum (le débat et l'action) :
- Un animateur, qu'on appelle le « Joker », anime la séance. Il est le lien entre la scène et le public.
- Après la première représentation, le Joker lance le débat avec la salle : "Est-ce que cette situation vous parle ?", "Qu'auriez-vous fait à la place ?".
La scène est ensuite rejouée. Cette fois, n'importe qui dans le public peut crier "Stop !" et monter sur scène pour remplacer un personnage (généralement celui qui subit la situation) et tester sa propre idée "in vivo". On peut aussi en formation , proposer à un apprenant qui conteste une position de l’un des participants , de venir le remplacer et joueur son rôle avec ses idées.
Chaque proposition est ensuite discutée : qu'est-ce que ce changement a apporté ? Quels sont les bénéfices et les risques ?.
- Le rôle clé du Joker :
- Il explique les règles, facilite les échanges, garantit le respect et la sécurité (physique et morale) de tous, et s'assure que le débat se déroule sur scène et non dans la salle. C'est un vrai chef d'orchestre !
3) Et pour les formateurs pour adultes, quel est l'intérêt ?
Pour la formation, c'est un outil vraiment puissant !
• Ancrage dans le réel : Plutôt que de travailler sur des cas théoriques, on part de situations authentiques vécues par les participants. Cela les engage beaucoup plus et ancre les apprentissages dans leur quotidien professionnel.
• Analyse des pratiques : Ça permet de mettre à distance des situations conflictuelles pour mieux les comprendre et les analyser collectivement. On peut ainsi voir le décalage entre les valeurs et les actes.
• Libération de la parole : Le côté ludique et théâtral aide à libérer la parole sur des sujets sensibles, à créer un climat de confiance et à "percer des abcès" sans risque.
• Recherche de solutions créatives : En testant différentes options sur scène, les participants découvrent de nouvelles manières de faire, de nouvelles postures professionnelles auxquelles ils n'auraient pas pensé seuls. Par exemple, c'est très utilisé pour travailler sur la bientraitance avec des soignants ou sur le management.
• Impact du groupe : L'intelligence collective est au cœur du processus. Le groupe aide l'individu à faire évoluer son regard en entendant d'autres interprétations et en voyant d'autres manières de faire.
4) Quelle est la différence avec un jeu de rôle ?
Même si les deux méthodes utilisent la mise en scène, leurs objectifs et leurs fonctionnements sont très différents.
- Le Théâtre-Forum :
o Objectif : Viser une transformation sociale et collective. Il a une dimension politique et militante. On cherche à comprendre et changer une situation d'oppression vécue par un groupe.
o Mécanisme : Le public est actif et peut intervenir à tout moment pour devenir "spect-acteur". Le débat est central.
o Rôle de l'animateur : Le "Joker" est un facilitateur de débat.
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- Le Jeu de Rôle :
o Objectif : Viser l'apprentissage individuel, l'entraînement (à un entretien, par exemple) ou le divertissement. Il n'a pas forcément de visée de changement social.
o Mécanisme : Les participants reçoivent des rôles définis dans un scénario généralement fermé et guidé par un animateur. Le public (s'il y en a) n'intervient pas dans l'action.
o Rôle de l'animateur : L'animateur ou "maître du jeu" distribue les rôles et guide le scénario.
En résumé, le théâtre-forum est un outil politique et collectif pour changer le monde, tandis que le jeu de rôle est un outil pédagogique ou ludique pour s'entraîner ou vivre une fiction.
La version podcast
3 moyens pour consolider les apprentissages de la journée
En plus de consolider les apprentissages importants, le sommeil permet également d'oublier les informations qui le sont moins, pendant la phase de sommeil lent profond. Cet oubli est tout aussi primordial, car, grâce à lui, nous nous réveillons en étant disponible pour de nouveaux apprentissages.
• Prévoir des dispositifs pédagogiques spécifique dans les formations de plusieurs jours avec des retours de connaissances espacées dans le temps de la formation
• Réactiver les messages clés en fin de journée de formation pour qu'ils soient ancrés dans la nuit qui va suivre. Par exemple terminer la journée par un quiz sur les points clés de la journée peut permettre de mieux les ancrer pendant le sommeil.
• Sensibiliser les participants aux bénéfices du sommeil dans la consolidation des apprentissages, voire les inviter à répéter les apprentissages le soir avant de s'endormir.
• Si un participant dort en formation, on ne peut pas être sûr qu'il apprend ! Au mieux, il consolide ses apprentissages !
Comment puis-je capter et maintenir l’attention des stagiaires ?
- Diversifier les modalités pédagogiques
- Diversifier les supports
- Mettre les stagiaires en mouvement
- Faire des micro-pauses de 2 mn
Bon les 2 premiers points ne sont pas une surprise. Revenons sur les 2 suivantsMettre les stagiaires en mouvement. Lorsque une séance est un peu longue ou ardue (je parle d’une durée d’1h-1h30 avant la pause) Afin de maintenir l’attention il peut être utile de faire se déplacer ensemble les stagiaires pour une activité ludique de quelques minutes (3-5mn) . Cela permettra à tous de se reconnecter lors de la reprise.
De même faire au moins entre les grandes pauses, des pauses de 2mn ou l’on demande aux stagiaires de fermer les yeux, ou de se dérouiller les jambes sur place, et laisser aller leur attention où ils le souhaitent, ect… aura un impact similaire. Le réservoir attentionnel des apprenants pourra se remplir de nouveau. Pendant ces « micro-pauses », ils peuvent laisser leur esprit divaguer et cela ne requiert aucun effort .
Ces 2 éléments permettent à la fois une reconnexion collective de l’attention mais aussi le passage pendant ces quelques minutes d’un cerveau en mode concentré à un cerveau en mode diffus dont on peut voir les bienfaits dans la rubrique "apprendre"..
Mais l’attention n’est que la première étape. Il faut ensuite que l’information captée avec l’attention soit traitée par la mémoire de travail, ce sera l'objet d'un autre post.
Évitez la malédiction de la connaissance.
Dans la rubrique biais cognitif, vous avez pu trouver en autre ce biais « malédiction de la connaissance » qui nous touche particulièrement en tant que formateur/formatrice.
Dans une formation, comment éviter de saturer nos apprenants dans leur capacité à traiter de nouvelles informations ?
En tant que formateurs ou concepteurs, nous sommes confrontés à la malédiction de la connaissance. Nous sommes victimes de notre propre illusion selon laquelle nous pouvons transmettre toute notre expertise, et que les apprenants vont tout comprendre et mémoriser.
La malédiction de la connaissance est un biais cognitif qui survient lorsqu'une personne communique avec d'autres personnes, et suppose inconsciemment que les autres peuvent comprendre tout ce qu’on leur dit.
Dans les situations d’apprentissage, la malédiction de la connaissance pousse les experts à adopter des approches pédagogiques centrées sur les expertises, plutôt qu’une approche centrée sur les apprenants et leurs capacités d’apprentissage.
Par exemple, nous rencontrons des difficultés à enseigner à des novices, car nous ne nous souvenons plus, ou difficilement, des difficultés que nous avons éprouvées lorsque nous étions nous-mêmes débutants.
La malédiction de la connaissance nous pousse également à croire que simplifier le contenu implique de perdre en richesse et en finesse.
Typiquement, nous simplifions les contenus de formation en les tronquant et en faisant l’impasse sur certaines notions. Cela relève encore d’une approche centrée sur les expertises.
Alors que selon une approche centrée sur les capacités d’apprentissage, simplifier le contenu consiste surtout à le rendre plus digeste pour le cerveau, et plus mémorable pour les apprenants.
micro-pauses et activités décalées
Très souvent nous sommes confrontés lors d'une séance (surtout si la formation dure plusieurs jours), à une baisse de concentration de nos apprenants, soit à cause de la fatigue, soit par distraction lorsqu'un sujet est complexe ou ardu. Le plus souvent nous décidons d'avancer la pause traditionnelle même si le moment n'est pas le bon.
Voici 2 solutions alternatives qui permettent une meilleure concentration tout au long de la journée sans trop rompre le rythme de la formation telle qu'elle est prévue.
Quelques exemples de micro pauses 2-3 mn.
Quand les faire ? lorsque vous constatez que les apprenants sont fatigués (milieu d’après midi souvent)
Comment les faire ?:
-fermer les yeux et penser à autre chose
-contempler la nature par la fenêtre si c’est possible
-déambuler dans la pièce
-mettre de la musique
-observer et manipuler un objet de son choix dans la salle
-faire des étirements.
Mais ne pas toucher à son téléphone !
Activités décalées : Nous allons utiliser cette méthode non pas en cas de fatigue mais lorsque l’on sent que l’attention des stagiaires s’est dispersée (juste à la reprise de l’après midi ou au milieu d’un exposé un peu aride ect…). Elles vont durer 5-6 mn
- Résoudre une énigme ou une charade (
http://www.rebus-o-matic.com)
- Leur faire un test d’attention comme ceux dans la page 3 de « outils du formateur »
- Un mot caché ou un mini mot croisé (
https://www.educol.net)
- Un puzzle (
www.jigsaw.com)
Toujours en lien avec le sujet abordé lors de la séance ou sur le sujet de l’attention.
Cyril Couffe Docteur en sciences cognitives, chercheur à GEM, l'École de Management de Grenoble a réalisé une étude inspirée des travaux de Niels Taatgen ,une tâche de gestion de planning d’une durée moyenne de 45 minutes, tâche longue, pénible et coûteuse.
Les participants étaient répartis en trois groupes: un groupe qui effectuait la tâche sans aucune pause, un groupe avec une «mauvaise pause» et un groupe avec la pause supposée optimale. La «mauvaise pause» impliquait de se concentrer intensément sur une autre tâche tandis que la «bonne pause» permettait des moments d’errance mentale.
Les données obtenues ont mis en avant deux effets intéressants.
En premier lieu, le simple fait d’avoir eu deux fois 60 secondes de pause a provoqué une augmentation de près de 10% de bonnes réponses par rapport aux autres groupes.
Ensuite, la mauvaise pause, coûteuse elle aussi en ressources attentionnelles, n’a pas aidé à régénérer les ressources, comme si les participants n’en avaient même pas eu!